Palamède, chevalier échiqueté du Roman de Tristan
Roman de chevalerie médiéval des plus célèbres, le Tristan en prose retrace les épisodes de la Table Ronde. Parmi ses personnages se trouve un chevalier échiqueté, Palamède, rival malheureux de Tristan. Chevalier "sarasin", fils du roi de Babylone Esclabor, Palamède aime en vain Yseult la Blonde et se trouve par là même le rival malheureux de Tristan.
Instructeur de ses compagnons d’armes à la cour du roi Arthur , avec le jeu d’échecs qu’il a rapporté d’Orient, Palamède est un vaillant chevalier qui se couvre de gloire.
Personnage triste, brave, attachant, qui va d’échec en échec et de désillusion en désillusion, avant de recevoir le baptême et de devenir chevalier de la Table Ronde (mais après la mort de Tristan), il constitue une des créations les plus originales de la légende arthurienne.
Palamède est ainsi mis en scène, dans de nombreux combats et tournois, sur les miniatures de l' imposant manuscrit peint par Évrard d'Espingues et achevé en 1463.
Ce Palamède devient l'inventeur "idéal" du jeu d'échecs pour la société médiévale : il concilie fable avec de réelles origines orientales et pense le jeu comme un parcours initiatique qui s'inscrit dans la quête du Graal.
Chevalier au mérite d'avoir livré le "plus noble des jeux", les armoiries qui lui sont attribuées, échiqueté d’argent et de sable, sont blasonnées à plusieurs reprises dans le Tristan en prose ainsi que dans le roman de Guiron le Courtois, composé lui aussi dans le second quart du XIIIe siècle.
En s’appropriant le jeu, la société médiévale crée son propre mythe : pour de nombreux joueurs, Palamède, souvent confondu avec le Palamède de la mythologie grecque, demeurera "l’inventeur des échecs" jusqu’au... XIXe siècle !
Remarque : aujourd'hui il est clairement acquis que les grecs (comme les romains plus tard) ne connaissaient pas le jeu d'échecs. Il n'existe aucune référence à ce jeu.
Légende grecque : une légende place l’invention du jeu durant la Guerre de Troie. Palamède, l’un des héros grecs, aurait inventé le jeu pour remonter le moral des troupes durant le siège de Troie, ainsi que d’autres jeux : « Les Grecs lui attribuaient l’invention de plusieurs lettres de leur alphabet, de la monnaie, des dés, des osselets et du jeu d’échecs ». C’est l’origine du nom de la première revue échiquéenne, Le Palamède. Cette légende est née d’une traduction erronée du mot grec πεττεια (petteia), un terme désignant un jeu de plateau différent des échecs parfois traduit, à tort, par « dames » ou « échecs ».